« Il vaut mieux que tu sortes avec une Asiatique, les étrangers (non asiatiques) ne sont pas comme nous, ils ne peuvent pas nous comprendre »

 

« Ta petite amie est mignonne, mais pourquoi n’as-tu pas choisi une Asiatique? »

 

« Tes deux parents sont vietnamiens? Tu ressembles plus à un métis ».

 

Il y a des phrases qui m’ont marqué profondément, des phrases qui m’ont été adressées par des Asiatiques. Un racisme ordinaire et inconscient inaperçu dans la société, car on ne l’entend qu’à l’intérieur de la communauté.

 

Mis à part ma famille, mon entourage ne compte pas beaucoup d’Asiatiques. J’avais peur, peur des commérages, peur d’être jugé par mes pairs. Je ne comprenais pas ces commentaires, j’avais l’impression d’être un étranger, un incompris, prisonnier de ma propre communauté. Durant des années, je me suis marginalisé volontairement pour me protéger. Cela m’a permis de rencontrer des gens de divers horizons, d’en apprendre plus sur eux, leurs mentalités, leurs cultures, de construire un avis critique au lieu d’écouter les préjugés, me lier d’amitié avec des personnes formidables et, au final, de me créer ma propre communauté.

 

D’origine vietnamienne, je suis né et j’ai grandi à Bruxelles avant d’immigrer à Montréal. En Belgique je suis vu comme un Vietnamien, au Vietnam comme un étranger, et ici je suis confondu avec un Français à cause de mon accent. Où que je sois, j’avais le sentiment que je ne suis pas réellement à ma place. Je me suis longtemps questionné sur mon identité. Si je me sentais plus belge ou vietnamien.

 

Puis, j’ai réalisé que mon identité (personnelle, culturelle et physique) est un concept fluctuant, influencé par les rapports humains et le milieu dans lequel j’évolue. Ce brassage culturel auquel j’ai été exposé toute ma vie fait partie intégrante de moi; c’est un cadeau précieux de la vie que j’accepte et chéris fièrement. Je me décris parfois comme la somme des rencontres humaines au cours de ma vie; tous ont participé à façonner la personne que je suis aujourd’hui, consciemment ou inconsciemment.

 

J’ai la conviction qu’il en va de même pour Montréal. L’identité de cette ville est la somme de ses individualités, de ses communautés. Cette diversité ethnique et culturelle en fait sa richesse et sa beauté.

 

Je n’ai pas la prétention de me considérer comme un Québécois, mais je suis fier de pouvoir dire que je me sens Montréalais.

Collaboration:
JE SUIS MTL x JÉ T'AIME
Participant:
Wil
Date: